Boeing : quelles pourraient être les conséquences pour les équipementiers français?
Le crash survenu dimanche dernier de la Ethiopian Airlines impliquant un Boeing 737 Max a fait chuter l'action Boeing de 12% sur la semaine. Après le crash de la Lion Air, c'est donc le deuxième accident de ce type en seulement cinq mois. Et si à ce stade de l'enquête rien ne permet de confirmer que les deux accidents ont la même origine, plus de 370 Boeing 737 MAX 8 et MAX 9 à travers le monde sont désormais cloués au sol. Un éventuel défaut de conception pourrait être catastrophique pour la compagnie aérienne américaine. Et par voie de conséquence pour certains équipementiers français aussi…
Le B737 MAX : un appareil stratégique pour Boeing
Après le crash de Boeing 737 max de Lion Air, l'accident survenu sur le vol de la Ethiopian Airlines pose question. Si pour l'heure rien ne permet d'établir un défaut de conception de l'appareil, les interdictions de vols se sont multipliées partout dans le monde. Les 371 avions de la flotte américaine sont cloués au sol en attendant les résultats de l'enquête du BEA (Bureau d'enquêtes et d'analyse) qui examine en ce moment les boites noires du 737 max Ethiopian Airlines.
Une période d'incertitude s'ouvre pour la compagnie américaine, qui va devoir identifier les sources de la panne, apporter des correctifs sur son avion et éventuellement obtenir de nouvelles certifications. La suspension des vols de l'appareil pourrait ainsi coûter très cher à l'avionneur américain, surtout si l'interdiction de vol devait durer, les compagnies impactées pouvant exiger des compensations financières, sans oublier le risque d'annulation de commandes.
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Selon les différents experts, une suspension des livraisons de 737 MAX pourrait représenter un manque à gagner sur le chiffre d'affaires de 2,5 milliards de dollars par mois, en se basant sur la cinquantaine de livraisons de 737 MAX effectués par mois à un prix d'environ environ 50 millions de dollars. Or plus de 5 000 exemplaires du Boeing 737 max sont en attente de livraison, l'équivalent de 7 ans de production.
Après avoir accusé une baisse de 12% sur la semaine, le titre Boeing s'échange autour des 373 dollars. En dépit du trou d'air, l'action de l'avionneur américain conserve un gain de 15,8% depuis le 1er janvier, avec un cours de Bourse a plus que doublé sur les deux dernières années, faisant de Boeing le premier groupe industriel américain par la capitalisation boursière.
A son cours de clôture « l'action valait 18,2 fois le bénéfice estimé à 12 mois selon les données Refinitiv, une baisse de deux points en une semaine mais qui reste à un niveau conforme à la moyenne des cinq dernières années » selon Goldman Sachs, qui estime qu'il est encore trop tôt pour revenir à l'achat compte tenu des risques qui pèsent sur l'avionneur. Pour Noah Poponak analyste chez Goldman Sachs, cité par Reuters «
le 737 MAX est le premier contributeur aux résultats de Boeing et devrait représenter 45% de son bénéfice d'exploitation (Ebit) sur les cinq prochaines années.
» Si un défaut de conception est confirmé, cela pourrait être catastrophique pour l'avionneur… et pour ses fournisseurs
Quel impact pour les fournisseurs ?
Une trentaine d'équipementiers travaillant pour Boeing seraient impactés par un arrêt de la production des 737 Max. En France, Safran fait partie des principaux fournisseurs. Via sa filiale avec General Electric, l'équipementier fournit en exclusivité les moteurs du 737 MAX : le LEAP 1b.
Pour rappel, le LEAP est le successeur du CFM 56, le moteur le plus vendu au monde dans sa catégorie. Le LEAP 1b est non seulement la colonne vertébrale de l'équipementier tricolore, mais aussi sa machine à cash. Au 31 décembre 2018 le carnet de commande total du LEAP atteignait ainsi 15 620 moteurs pour 1 118 unités livrées. Pour Safran la moitié des commandes de LEAP en 2018 était à destination du 737 Max.
En plus du moteur des 737 MAX, le groupe conçoit aussi de nombreux équipements comme les roues, les sièges, les freins en carbone, le système de câblage électrique, ou encore les radeaux et gilets de sauvetage. En bourse le titre de l‘équipementier a bien résisté et ne cède que 0,6% sur la semaine. Une résilience du titre liée notamment au fait que le moteur du 737 Max n'est pas en cause dans le crash du Lion Air, et vraisemblablement de la Ethiopian Airlines. Depuis le début de l'année le titre de l'équipementier gagne 12,7%, et affiche une performance boursière de 1477 % sur les 5 dernières années.
D'autres groupes français fournissent Boeing pour son 737 MAX. C'est le cas notamment de Thales qui propose des équipements avioniques, les systèmes de télécommunication et de divertissement. L'entreprise Michelin fournit les pneus, tandis que Zodiac aerospace fabrique des toboggans d'évacuation et des cuisines. Saint Gobain de son côté fournit le système d'air conditionné
Parmi les entreprises françaises qui fournissent Boeing, on compte des entreprises de taille moyennes, comme Figeac Aéro spécialisé dans la production de pièces de moteurs et de de trains d'atterrissage. On peut également citer LISI Aerospace pour les fixations ou Latécoère pour les systèmes de surveillance. Au total « plus d'une centaine d'entreprises françaises travaillent sur les programmes Boeing, faisant de la France un fournisseur majeur et stratégique du groupe » précise Boeing sur son site. Autant de sociétés qui attendent avec fébrilité les résultats de l'enquête du BEA qui permettront de déterminer combien de temps encore les Boeing 737 Max resteront cloués au sol.
FL (redaction@boursorama.fr)
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